Soirée musicale sur une péniche parisienne

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LES PHOTOGRAPHIES DE LA SOIREE (1 clic sur la photo) :

A El Alamein, on avait soif !


Le nom de la péniche rappelait la première défaite des allemands en Afrique.
Certainement par solidarité nostalgique et avec une vraie émotion qui prend aux tripes,
les musiciens ont aussi crevé de soif,
comme dans le désert,
où avant eux les glorieux firent face au renard du désert.

Afin de prendre un peu de hauteur et ne pas se laisser griser par l’événement et le vert de gris, rappelons que le pont de Bir Hakeim est situé bien plus à l’ouest, dans le 15ème arrondissement, et rappelons aussi la phrase du poète portugais qui soulignait avec justesse le point de vue d’un vivant : « Il est beau, il est glorieux de s’être trouvé dans une bataille ou un naufrage; l’ennui, c’est qu’il faut avoir été là pour y avoir été ».

Deux groupes sont annoncés :

En première partie, cinq jeunes filles, cinq jeunes beautés, sous le nom évocateur de « Face à la mer » nous rappelant l’attente suprême décrite il y a au moins 100 générations (pour nos jeunes lecteurs : c’était bien avant le RAP) par André Pieyre de Mandiargues dans une nouvelle où l’adolescent aidé par sa cousine attendait la libération de son extase de façon concomitante à l’arrivée de la dernière vague de « la marée » montante.
Mais dès la première bonne note de musique, oubliés les fantasmes d’André Pieyre, il ne s’agit que d’amour de la vie et d’amitié. Nous sommes conquis. L’odeur est à la connivence et ces dames ont étudié la gestuelle et les clins d’œil farceurs.

C’est de la chanson française,
il y en a une qui chante mais c’est jamais la même,
et puis il y a le choeur qui accompagne,
mais pour une j’ai pas la preuve,
car un gros cuivre lui cache le visage.
Mais les autres travaillent aussi : accordéon et guitares acoustiques.

Un extrait authentifié par la petite blonde :

On en croise un paquet, de gens !
on n’en rencontre pas souvent,
on rencontre aussi des gens que l’on ne remercie pas souvent.

En deuxième partie, trois jeunes hommes, trois jeunes laideurs, de l’Est de la France si j’ai bien compris, têtes de veaux, répondant au nom glougloutant de « Tournée générale ». Vous imaginez sans difficulté leur souffrance dans le désert.
Je ne suis pas un spécialiste musical mais je sais reconnaitre un type qui se donne en le comparant à un type qui devrait faire veilleur de nuit – ceci sans aucune vraie connaissance des veilleurs de nuit non plus.
Que vous dire de la révolutionnaire auto-dérision qu’ils pratiquent mieux que moi ? Rien, sinon que c’est normal, car eux, ce sont des professionnels.
Mais restons calmes devant tant de démonstration musicale, mettons-nous psychologiquement dans des conditions d’écoute haute fidélité pour faire montre d’honnête lucidité et ajouter comme bienfait virtuel la disparition des odeurs de peinture et de moquette humide de la péniche. (j’ai payé ma place, je peux donc donner mon point de vue).
Et bien, même dans ces conditions rigoureuses d’écoute qui effacent les bruits connexes de verres de bière vibrants sur des tables vivant du rythme et de la cadence, même dans ces conditions stables disais-je, où on ne craint pas un mauvais coup, … j’ai aimé.

Toutefois, c’est bien dans le « live » divin et une certaine réverbération sous-marine que j’ai rapidement pris des notes sur une chanson qui les caractérise bien, sans garantie sur l’absolue exactitude, …, quoi ? Naturellement que vous me pardonnez ! C’est moi qui ai le clavier :

Mon père m’a dit un jour :
« T’as – bou – ffé – tout – l’mou – ton
maint – nant – tu – chies – la – laine. »

J’lui ai dit qu’j’ai regardé la lune
comme lui en quarante trois
quand y z’ont emmené ses voisins;

J’lui ai dit qu’j’ai regardé la lune
comme lui en cinquante trois
quand il chassait dans le djebel;

Mon père m’a dit un jour :
« T’as – bou – ffé – tout – l’mou – ton
maint – nant – tu – chies – la – laine. »

J’lui ai dit qu’j’ai regardé la lune
pour pas faire comme lui
pour pas croire comme lui;

J’lui ai dit qu’j’ai regardé la lune
quand j’ai mangé l’mouton
et puis merde … c’était …. MON MOUTON !

Et voila, FIN DE LA SOIREE, on rentre se coucher car demain on bosse,…, métro aérien, changez à Bir Hakeim, ça me rappelle la péniche … ZUT ! J’ai oublié de déshypnotiser les deux mecs bruyants que j’ai figés par un tour de fakir … tant pis, vla le dernier métro.

Hypnotisés puis oubliés pour la nuit…tant pis.

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2 réponses à Soirée musicale sur une péniche parisienne

  1. maisoublanco dit :

    Je savais que s’il y avait réaction sur ce sujet tu en serais le chantre, l’inlassable chercheur du détail qui nous rend la vie supportable et magique.
    Tes allusions à Cosette m’on rappelé les vers attribués à Victor Hugo alors qu’ils sont d’un certain Monnier (sans certitude):
    Gall, amant de la Reine, alla, tour magnanime,
    Galamment de l’arène à la tour Magne, à Nîmes.
    ainsi, je dois te le dire, galant tu ne l’es pas dans la vision que tu nous donnes de ce compte-rendu où elles sont à l’honneur.
    Boulgakov le blanc, je n’y avais pas pensé sur le moment…mais à la réflexion …
    Michel Strogoff ? sur une péniche ? il y a longtemps que je l’ai lu … et puis il était aveugle à un moment, non ? Sur une péniche ! Dangereux tout ça…
    Toutefois, un grand merci pour le rappel d’Eve Ensler dont j’ai écouté au théâtre en 2005 les monologues du vagin sans retenir le nom de l’auteur. Oui merci, car je me rends compte qu’il manque sur maisoublanco la rubrique « elle, c’est quelqu’un ». Je tenterai de remédier à cela,… mais c’est difficile car visiblement celle-ci ne s’intéresse qu’au sexe 🙂

    Bref, je sens que tu as bien saisi le sens de ce blog.
    Bonjour à Genève !

  2. crazyhorse dit :

    Raphael a l’air déchiré – le public rend un dernier hommage à Fidel Castro en masquant le visage de ceux qui ont une coupe trop rase à leur goût – la prise de vue de l’intérieur en contre plongée fait penser à un remake de Boulgakof / les bas-fonds – la bière coule toujours à flot (voir plus haut a « Raphael »)- la guitariste a compris qu’être sur la scène est le seul moyen de rester dans un bar quand on n’a pas 18 ans et l’accordéoniste doit surement avoir pour patronyme « Tenardier ».
    Comme disait Jean Valjean, « J’me f’rais bien la Causette ».
    Eve Ensler s’est dit la même chose et en a écrit ses fameux monologues…
    Ca sent la bohême, on a presque l’odeur de la route, du cambouis et de la sueur, un peu comme a Imouzer du Kandar,
    et ici on
    sent la tristesse roumaine , sur une péniche, ça fait très boat people, voire Michel Strogoff 🙂

    C’est loin Bir-Hakheim, et pourtant, on y revient sans cesse, non ?
    Bonjour à Bordeaux !

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