Paradoxe du fado

Certains jours de Fado, si la chanteuse est pure, les grands vents poussent au sol nos constructions ampoulées et les assèchent jusqu’à ce que tout disparaisse.
Il ne faut pas s’affoler.
Cette musique nous dit tout de la méfiance qu’il faut avoir à l’endroit de la supériorité de la raison.
Alors on regarde à terre les traces des tourbillons : ce n’était qu’une fiction _ ce n’était que le non-sens de l’existence.
Certains, qui ne croient en rien disent par réflexe que la raison ne sert qu’à masquer ce non-sens.
Pas du tout : elle ne sert à rien.

On se dit que notre témoignage (à tous) ne sera ni lu ni entendu.
D’ailleurs nous n’existons que très peu _ c’est notre civilisation qui porte le poids de notre conformisme.
Aujourd’hui on aurait pu être papous et manger un lézard…ou maliens sur un bateau à se demander quelle est la température de cette mer, et sa profondeur.
Notre témoignage ne serait pas plus lu ou entendu _ car la chanteuse est pure.

Alors il y a ceux pour qui c’est pesant.
Ils pensent lourdement que si on ne fait rien, tout se reproduit toujours, surtout si on ne les écoute pas.
Et tout se reproduit.
Et puis il y a ceux qui sont légers.
Ils pensent avec légèreté que rien n’a d’importance puisqu’il n’y a pas de sens.
Et tout a de l’importance.

Je ne sais pas lesquels sont les plus assommants pour les autres.
J’avoue, je ne sais pas, je ne sais même pas si ça a du sens cette musique.
Là, elle n’est pas si triste et raconte l’histoire d’un vieux pêcheur,
les volcans sont éteints et la chanteuse est pure.

La Isleta del Moro (Cabo de Gata – Andalousie)

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