Dans l’enfance être persuadé d’être aimé
permet plus tard son bonheur d’adulte,
si on le désire, même si on découvre que ce n’était pas vrai.
Dans l’enfance le monde perçu n’est pas le vrai monde.
Et le monde réel, qui pourtant ne permet la vie que par des vertiges quantiques,
nous fait oublier notre vieille perception pleine de bonheur.
Alors on se souvient des contraintes, des punitions, de l’école,
et on oublie la pure joie de dévaler l’escalier en glissant sur la rampe de cuivre
pour rejoindre dans la cour les copains en patins à roulettes.
Ce qui est insoutenable en regardant les enfants
c’est de comprendre que ce qui est perdu
est perdu à jamais.
Mammifères sans mémoire, nous pensons qu’utile est notre nature,
âmes perdues, nous nous habillons de l’espoir de notre société.
Comme c’était beau quand nous étions vivants !
J’aime, je ressens cette enfance derrière moi, justement ce être vivant, puis avec le temps s’installe la comptabilité du temps, du temps devant soi, ce sablier qui se vide plus vide qu’on le voudrait. Qui ne voudrait pas un sablier plein.
Dans ce texte la mort est admise et naturelle contrairement à la perte de ce don d’enfance qui est oublié.