La génèse

Selon les chrétiens, Adam aurait été chassé du paradis des animaux pour une raison que je trouve douteuse :
la recherche du bien et du mal.
Dommage collatéral : le serpent diable fut lui aussi maudit.

Mais toi qui me lit en rêvant
comme tous les autres qui ne me lisent pas,
tu devines l’évidence de la vérité non chrétienne
car tu connais les hommes et ce qui les meut :
la recherche de toute parcelle de gloire.

Adam ne fut donc pas chassé.
Il partit du paradis à la recherche de son grand destin,
pour en remontrer aux animaux qu’il placera à sa botte,
pour en remontrer à Dieu,
pour briller coûte que coûte.

La gloire de l’homme se trouve partout et même dans des détails souvent très amusants
mais elle a besoin de reconnaissance.
Adam inventa son malheur :
sa faiblesse devant les encouragements ou les dénigrements.
Le royaume du flatteur était né.

Les plus connus de nos grands personnages historiques
ont bien compris cela en tentant de surmonter ce point négatif :
« Qu’importe que l’on dise du mal de moi du moment qu’on parle de moi. ».

Je te laisse chercher les merveilleux exemples de gloire de ton entourage,
je te laisse chercher, si tu es de bonne humeur, la gloire de tes motivations,
mais pas plus tard qu’hier, dans cette église où je pensais photographier des vitraux,
j’ai imaginé une gloire immense,
peut-être la plus grande,
peut-être la plus pure des gloires
… en observant une vieille dame prier.

Ne serait-ce qu’une seule fois être écouté et reconnu par le créateur de tout,
être en lien direct avec LUI,
quelle autre gloire serait plus grande que celle-ci ?
Quel autre aspect de la vie peut concurrencer celui là ?

Après cela !
Notre obsession de parler de nous,
notre manie du tapage,
nos passions douteuses,
notre création fausse et désincarnée,
nos inventions,
et nos pactes tacites, pauvres malheureux, pour nous louanger sans vergogne,
et nos surestimations de l’autre, aimé ou non,
qui en retour nous doit bien une parcelle de la reconnaissance terrestre…

Après cela :
S’estimer connue de Dieu – avoir sa complicité et ses adulations !

La vielle dame sort de l’église, sans un regard pour moi
dont pourtant l’incongruité en ces lieux me parait flagrante.
Comment lui en tenir rigueur ?

Santiago (Galice)

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2 réponses à La génèse

  1. lutin dit :

    Cela me rappelle une réponse de ma grand-mère lorsque je lui demandais pourquoi nos voeux n’étaient pas réalisés, sa réponse a été, « Dieu commence par les plus grandes choses puis ensuite s’occupe de nos souhaits », mais moi enfant, moi adulte, mes voeux sont si grands, si importants, ce n’est pas pour la gloire, c’est pour la vie.

  2. maisoublanco dit :

    J’ai bien fait de placer ce texte dans « Débat d’idée » !
    Toutefois, il cherche à exprimer le point de vue de quelqu’un qui cherche ce qu’est la gloire (reconnaissance de soi) et qui se dit que d’être reconnu par ses parents (aprentissage du « c’est bien – c’est pas bien »), puis reconnu par son entourage (avec les mêmes attentes) et pourquoi pas par Dieu … et dans ce dernier cas, j’imagine que le reste devient pécadille.
    Tout cela est à opposer à quelqu’un qui vivrait en dehors de cette recherche (je n’en connais pas) et qui donc ne serait pas.
    Sinon, nous sommes bien d’accord : on peut vouloir et espérer des tas de choses sans que la gloire y soit partie prenante.
    Mais si on y pense, par exemple qu’est-ce que l’amour ? N’y a t-il pas glorification de l’autre et recherche de la sienne qui ne le mérite pas obligatoirement, ni l’une, ni l’autre.

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